lundi 21 mars 2011

Réservé


Seul, on peut l'être,
Au milieu d'une de fête.
Entre les beaux parleurs
Et les mauvais joueurs,
Il est parfois difficile
De trouver la vie facile.
Si l'on est timide,
Si le regard est humide,
On ne peut s'imaginer
Entrain de bouger,
Alors, on reste dans son coin.
Loin, très loin.
On n'ose pas paraître
Ni même se faire connaître.
Pourtant on aimerait bien
Avoir plusieurs copains,
Même s'ils se comptent
Sur les doigts de la main.
Mais on se raconte
Un tas de choses.
Des rêves en overdose !
Et l'on reste à la traîne.
Pourtant, il suffirait d'une étincelle,
D'une parole un peu belle,
D'un geste banal
Dans une vie anormale,
Pour qu'un sentiment explose
Et les jours soient roses.

D'un tout petit rien
Qui souvent fait du bien.

© Laurent SILVIN, mars 1989
Extrait de « Pensées ordinaires par Moustache »
Éditions éphémères La Tocante

La vogue


Nous sommes venus pour dépenser.
Nous sommes venus pour s'amuser.
Ici, nous donnons un franc,
Un peu plus loin cinquante francs,
On nous assure gagnant !

A la vogue, nous jouons
De toutes les façons.
Que nous soyons petits ou grands,
Nous sommes tous des enfants.

Et puis, si la roue tourne,
Alors, on y retourne.
Même du tunnel aux horreurs,
Nous n'en avons pas peur.
L'essentiel, c'est le bonheur !

A la vogue, nous jouons
De toutes les façons.
Et nous passons contents
De merveilleux moments.

Mais si l'on repart penaud
Avec le coeur gros,
On pense en soi
« peut-être la prochaine fois,
Des peluches plein les bras ! »

Et la vogue, nous quittons
Detoutes les façons,
Laissant aux machines avides
le contenu de nos porte-monnaies vides.

© Laurent SILVIN, mai 1989
Extrait de « Pensées ordinaires par Moustache »
Éditions éphémères La Tocante

Histoires


Quand une fleur rencontre une autre fleur,
Que se disent-elles ?
Des histoires de flore.

Quand un bonheur rencontre un autre bonheur,
Que se racontent-ils ?
Des histoires d'or.

Quand ma main rencontre ta main,
Que se disent-elles ?
Des histoires de caresses.

Quand un lendemain rencontre un autre lendemain,
Que se racontent-ils ?
Des histoires de promesses.

Quand mes yeux rencontrent tes yeux,
Que leurs disent-ils ?
Des histoires d'heureux.

Quand mon coeur rencontre ton coeur,
Que lui raconte-t-il ?
Des histoires de bonheur.

Quand nos amours se rencontrent,
Ils se racontent
Notre histoire d'amour.

© Laurent SILVIN, juin 1988
Extrait de « Pensées ordinaires par Moustache »
Éditions éphémères La Tocante

Etre poète


J'aurais voulu être un poète,
Avoir des mots plein la tête,
Pouvoir chanter l'amour
Ou dire la vie de tous les jours,
pouvoir crier mes peurs
Ou narrer mes bonheurs.

Mais, je ne suis qu'un simple acteur
Sur cette terre pleine de chaleur,
Un pauvre homme parmi tant d'autres
Avec autant de fautes,
de problèmes, de peurs, de joies,
Avec ses mots, ses fêtes.

Je ne pourrais pas être poète
Et ne dirais pas ce que je crois !


© Laurent SILVIN, novembre 1988
Extrait de « Pensées ordinaires par Moustache »
Éditions éphémères La Tocante

jeudi 17 mars 2011

Tu es mon fils !


Dans ma tête résonne encore cette voix familière, le téléphone continue ses bip-bips...
En quelques secondes, les images resurgissent d'un passé pas si lointain.

Que de choses vécues depuis cet été de 2003. Le soleil chauffait, les esprits aussi. Suite à un accident de moto, qui m'avait laissé sur le bas côté de la vie quelques semaines, j'étais en pleine reconstruction . Une lente sortie du chaos, grâce au soutien d'une équipe médicale et psychologique exceptionnelle.
Celle-ci me permit de retrouver le plaisir de marcher dans les bois, lire des romans et fréquenter mes amis. Je vous jure qu'après une telle épreuve vous n'en demandez pas plus.
Lorsque l'amour s'en mêle, cela devient à la fois plus agréable et plus compliqué. Il faut bien, un jour, présenter l'être aimé à la tribu familiale. Véritable drame en devenir !

15 août : jour de fête, jour de défaite... jour de fuite, plus rien.

Nouvelle période de vide mais la moto n'est pas en cause. Après le corps, voilà le coeur meurtri, plus de service médical pour vous soutenir. Vous n'êtes pas malade, simplement en rupture, éloigné... inexistant.
Vos lettres restent sans réponses, vos coups de téléphone tombent dans une boîte vocale... anonyme : « Bonjour vous êtes sur le répondeur téléphonique du numéro... etc. »

Aujourd'hui, c'est ce téléphone injoignable qui me joins. Et cette voix, que je n'ai pas oublié, s'est mise à me parler, à se confier.
Mon père franchissait enfin ce vide qui nous séparait.
Il me dit combien il avait pleuré depuis mon départ. Il s'excusa des mots prononcés ce 15 août 2003. Je l'avais choqué en lui présentant Vincent. Lui, le bûcheron, le fils de paysan, m'avoua n'avoir jamais compris ce fils que j'étais. D'ailleurs étais-je son fils lorsque je préférais les livres aux durs travaux manuels, un homme à une jeune fille comme compagnon de vie ?

Je compris soudain pourquoi mom père était si bourru lorsque j'étais enfant.

Il me dit que des larmes coulaient chaque soir de ses yeux depuis huit ans. Il m'avoua être, aujourd'hui, fier de moi, de ma réussite, de mes combats en faveur des minorités. Il m'avait découvert et compris en lisant tous les livres et articles que je publiais régulièrement.

Enfin, et c'est cela qui me boulversa le plus, ses bras n'en pouvant plus de ne serrer que du vide, il me demanda de lui donner le numéro de la porte de mon appartement. Il se trouvait au pied de mon immeuble.

A cet instant, il raccrocha son portable. Bip-bip.

J'ouvris la porte pour tomber dans ses bras.

© Laurent SILVIN, mercredi 9 mars 2011

lundi 14 mars 2011

Le chat et l'enfant


C'est l'histoire banale
D'un garçon et d'un animal.
Ils se sont croisés un soir,
Dans une banlieue, sur un trottoir.

Il était innocent, c'était un enfant.
Sa vie, c'était le jeu,
Sa façon d'être heureux ;
Mais il était seul.

Abondonné de tous,
Il rêvait d'une existence douce.
A son poil angora,
On devinait un chat.

Lequel des deux fit le premier pas.
Personne, jamais, ne le saura !
L'enfant lui offrit des caresses
Et le matou en retour sa paresse.

A chacun son regard, à chacun ses histoires,
L'un se mit à chanter pour célébrer l'amitié
L'autre à ronronner et ne plus le quitter.
Mais l'enfant était bien pauvre
Ne pouvant lui donner autre chose
Qu'un simple petit nom
Et un peu de «  Ronron ».


© Laurent SILVIN, avril 1990
Extrait de « Pensées ordinaires par Moustache »
Éditions éphémères La Tocante

Slpeen


C'est une envie sans fin.
Une envie de tout et de rien !
C'est vouloir aimer
Mais ne pas savoir qui aimer.

C'est de nombreuses disputes,
Rarement de la joie,
De continuelles luttes
En toi.

C'est un tableau noir.
C'est ne pas savoir
Ou, ne pas vouloir,
Vivre en étant bien,
Sourire au lendemain.

C'est une salle de classe
Où tu t'ennuies,
Un professeur à la place
De ta petite amie.

C'est vouloir tout plaquer
Sans jamais oser.
C'est l'adolescence.
Adieu l'enfance !

© Laurent SILVIN, juin 1984
Extrait de « Pensées ordinaires par Moustache »
Éditions éphémères La Tocante

samedi 5 mars 2011

Toi, l'écolier


Vers trois ans, tu quittes ta maman

Pour aller à la section enfantine.
C'est ta première année.
Il y en aura d'autres à passer.
Puis, tu deviens plus grand
Et tu manges à la cantine.

De ta petite école, c'est ta dernière année.
Première orientation !
A la grande école, tu commences à aimer ;
Tu n'es plus un petit garçon.

Que vas tu faire ?
Des études longues ou courtes ?
A toi de choisir de toutes manières,
A toi de faire ta route.

Voici le lycée et l'internat,
Tu prépares ton baccalauréat.
Sérieux toute la semaine,
Tu es amoureux le week-end.

Puis voilà les examens,
J'espère que tout se passera bien.
C'est l'année de tes dix-huit ans,
Tu seras peut-être étudiant
Ou encore lycéen
Ou bien...ce sera la fin.

© Laurent SILVIN, juin 1984
Extrait de « Pensées ordinaires par Moustache »
Éditions éphémères La Tocante



Attirance


Deux mains qui se serrent,
Deux regards qui se cherchent,
Deux bouches qui s'embrassent,
Deux corps si proches
Et voilà l'attirance.

Deux coeurs qui battent
L'un pour l'autre,
Deux têtes qui se penchent,
Des mots qui s'échangent,
Des baisers qui s'évadent
Et voilà la romance.

Des instants de rêves,
Des couleurs de fêtes,
Des caresses si bonnes,
Des rires étouffés,
Des lèvres soudées,
C'est encore ça l'attirance
Mais c'est aussi la romance.

© Laurent SILVIN, janvier 1988
Extrait de « Pensées ordinaires par Moustache »
Éditions éphémères La Tocante