jeudi 21 juillet 2011

Le plaisir d'écrire


Dans le monde où la communication rapide tient lieu de dogme, le téléphone a tout naturellement conquis la première place. Mais les mots échangés par le câble téléphonique n'ont qu'une vie éphèmère. A peine prononcés, ils sont précipités dans l'oubli, bousculés par leurs congénères proclamant eux aussi leur droit à l'éxistence. Triste sort que celui des paroles volatiles qui ne laisseront rien à la postérité. Heureux statut que celui des mots couchés sur le papier, lus et relus, appelés à conserver notre mémoire. Ecrire, voilà un verbe sujet à compléments.

Il est révolu le temps des moines qui se livraient au dur labeur de la copie. «  Le travail est rude, disait l'un d'eux : il brouille la vue, courbe le dos, écrase le ventre et les côtes, tenaille les reins et laisse tout le corps douloureux ». Encore au XIXème siècle, éducateurs et médecins étudient-ils avec soin la position du corps et du cahier afin d'éviter les déformations osseuses et les risques de myopie. La crampe de la main est une véritable obsession ; en témoignent les dizaines de brevets qui furent déposés pour des appareils destinés à lutter contre cet autre mal du siècle. Pour certains, l'écriture est, au contraire, une source de jouissance corporelle : « Dans l'écriture, dit Roland Barthes, mon corps jouit de tracer, d'inciser rythmiquement une surface vierge... »

Le choix de la plume n'est pas indifférent à l'épistolier. La plume d'oie à longtemps été l'instrument privilégié de l'écrivain. Mais, pour les occasions exceptionnelles, on recommandait l'usage de la plume de paon ou du pélican. Malheureusement, les modestes volatiles n'ont pas fait le poids devant les Sergent-major, bataillon de plumes au caractère d'acier. A leur tour, ces dernières céderont le pas à la bille du stylo.

Au-delà des sensations physiques procurées par le geste de l'écriture, il y a, dans l'acte même, une source de plaisir qu'étendent à l'infini les mille et un évènements heureux qui ponctuent notre existence. La vie, en effet, multiplie les occasions d'écrire. Quoi de plus délicieux que d'annoncer une naissance,un mariage, la réussite à un examen ? A la joie d'écrire une lettre répond le plaisir de sa lecture. En effet, placé sous le signe du partage, le plaisir de l'épistolier se prolonge à l'idée que la bonne nouvelle provoquera une joie intense chez son destinataire.

Rien ne remplace la force des mots et rien n'est plus simple que d'envoyer ses félicitations, ses voeux, souhaiter une bonne fête ou un joyeux anniversaire. Veut-on déclarer sa flamme à l'être aimé dans le silence ? Prendre la plume est le moyen le plus sûr pour y parvenir. La lettre affranchit de la timidité : l'amoureux transi dévoilera plus facilement ses sentiments par la médiation du facteur que devant sa belle. C'est une partie de soi-même que l'on met à l'intérieur de la lettre. Combien de jeunes gens n'ont-ils pas gardé sur leur coeur la missive parfumée ? Enfinil n'est peut-être pas d'acte plus social que d'écrire une lettre. La correspondance épistolaire rapproche les familles dont les liens se sont distendus en raisons d'obligations professionnelles, du départ au régiment ou de la nécessité de quitter le foyer pour suivre des études à la ville. Ecrire rompt la solitude et apporte le réconfort.

Nul besoin de talent pour écrire une lettre, il faut surtout du coeur... A chacun son style. C'est avec leurs mots que douze artiste de la bande dessinée ont décliné le plaisir d'écrire. Douze timbres-poste qui sont comme un appel à lutter contre l'oubli...

Texte accompagnant une série de timbres-poste français ( valeur faciale 2,80 Frs ),
parce qu'écrire fait souvent plaisir

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