mardi 11 janvier 2011

Lune-menteuse


Quentin ne se couche jamais sans dire au revoir à la lune.
Sa maman ouvre la fenêtre de la chambre. Le petit fait un bisou sur ses doigts et souffle tout doucement en direction de l’astre nocturne.
Certains soirs, Quentin est triste ! Elle n’est pas au rendez-vous. Des nuages la cachent. Elle a disparu.

- La lune est nouvelle, lui dit maman. 
- Nouvelle, mais alors, il y en a beaucoup d’autres ?
- Non, mon fils, elle est unique. Mais une fois par mois, elle joue la discrète. Hop ! Elle se cache pour réapparaître tout doucement quelques jours plus tard. 

C’est donc une coquine, cette lune. Quentin l’aime beaucoup.
Quelque fois, elle lui fait un sourire. Il en est sûr. Un vrai sourire sur son visage tout rond. Ces nuits-là, il dort comme un loir et fait des rêves d’aventures spatiales. Il découvre de nouvelles planètes.

Pourtant ce soir, Quentin a un doute. Il lui semble que depuis deux nuits, une bosse grandit au milieu du croissant. Une bosse qu’il n’avait jamais remarqué auparavant !
Qu’est-ce donc ? Est-elle malade ?
Au fur et à mesure qu’elle grossit le phénomène s’atténue.
- J’ai mal vu. Voilà tout, se dit-il.

Cela recommence quinze jours plus tard lors du dernier quartier. Il y a bien une bosse qui grandit chaque nuit. Juste au milieu du croissant.
Cela fait penser à une sorte de nez.
Un nez ! Mais oui !
C’est un nez. Et s’il s’allonge autant, c’est que la lune ment.
La lune est une menteuse.

Stupéfait de sa découverte, il part en courant le dire à son papa. Celui-ci connaît un savant qui passe son temps à regarder les étoiles. Il en a même vu qui filaient à toute allure. Ce savant saura bien lui expliquer pourquoi la lune se met à mentir.
Papa sourit en apprenant la nouvelle. Il promet d’en parler à Monsieur TETENL’R dès aujourd’hui.
Le brave homme monte dans son observatoire, le soir même.
Il chausse ses lunettes et se place derrière son téléscope. D’abord il ne remarque rien. Sur la lune, tout est en ordre. Les mers sont à leurs places. Les montagnes aussi.
- Tout est normal là-haut, dit le vieil homme à Quentin, admis à venir exceptionnellement. Puis soudain, il corrige : 
- Enfin, presque ! 
Il a repéré quelque chose de bizarre.
- On dirait qu’il y a quelqu’un là-bas, remarque-t-il surpris. Voyons, voyons. 
Il ajuste son appareil.
- Quoi ! tu as raison bonhomme, son nez s’allonge. Seulement, ce n’est pas un nez mais un cou. 
- Un cou ?  questionne Quentin tout en se demandant si le vieillard ne perd pas la tête.
- Exactement , confirme celui-ci. Et j’en suis le premier étonné. En fait, la bosse que tu vois s’allonger n’est autre que le cou d’une girafe. 
- Une girafe !  s’étonne Quentin. Cette fois, pas de doute, le savant est fou. Une girafe sur la lune !

- Oui. Une véritable girafe avec quatre pattes et un très long cou. Ainsi, lorqu’elle lève la tête son cou se découpe au-dessus du croissant de lune. De la terre nous voyons une forme allongée qui dépasse. Lorsqu’elle se trouve au milieu du croissant, nous avons l’impression que son nez grandit comme si elle mentait. Mais c’est une girafe.

- D’ou vient-elle ?  demande le gamin.
- çà, je n’en sais fichtrement rien, mon garçon. 

Quentin sait que le savant dit la vérité. Dans l’objectif du téléscope, il voit parfaitement l’animal. 

© Laurent SILVIN,2004


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