dimanche 13 février 2011

Cycle Seefeld in Tirol ( Austria )


Smoking noir

Bonjour pour Toi, c'est bonsoir
Le jour pour Toi, c'est le soir.
Ton univers, c'est la fumée
C'est des jeton s lancés.
Tu passes ton temps à répéter
Répéter des chiffres qu'on t'a annoncé.
Ton regard ne croise que celui du chef,
Tu n'obéis d'ailleurs qu'à ton chef.
Tu règle ta vie en fonction des pauses
Peux-tu penser à autre chose ?
C'est difficile et tule sais bien
Ton travail à jamais te tient.
T'es mignon dans ton SMOKING NOIR
T'as du pognon et tu le fais voir.
Pour toi, la pauvreté est un vain mot
Tu gagne à chaque fois le gros lot.
Tu considère l'éxistence comme un jeu,
Et le mot aisance est ton Dieu.
Tu parles bien et tu es poli,
En plusieurs langues, Merci
Est le mot que tu sais dire.
Ton visage n'est que sourire
Commercial peut-être
Il faut vendre ton être.
Hypocrite, sûrement
Mais tu ne l'avoue pas, évidemment.
Tu fais ça naturellement
Après l'école, au bout d'un an.
Jamais tu ne perds la boule
Et pourtant dans le cylindre, elle roule.
Tu n'as qu'un espoir ,
Voir la boite pleine le soir...

Et des pourboirs recevoir.


© Laurent SILVIN, Seefeld ( Autriche ) 22 septembre 1990


Le cylindre

Trente-sept numéros
Dix-huit rouges, dix-huit noirs,
Un seul vert, le zéro
un seul dieu, Hazard.
Deux sens de rotation
Mais une seule fonction
Sortir le bon chiffre
D'entre tes griffes.
Deux mains pour t'entrainer
Des dizaines d'yeux pour t'observer ;
Une seule boule
Qui en toi roule
Et sur toute les roulettes
Ta place, c'est la tête.



© Laurent SILVIN, Seefeld ( Autriche ) 2 octobre 1990


L'annonce

De simples mots lancés comme cela
dans la fumée et le brouhaha.
De simples nombres criés
Et par les croupiers répétés.
Tu n'as qu'un seul corps, des jetons.
Annonce es ton unique nom.
Personnelle, unique ou courante
Le client t'espère gagnante.
Tu ne vis qu'une fois
Et donne à chacun l'émoi.
Tu es volage, de passage
Mais très rarement sage.
Et si par bonheur tu as décidé
que tels joueurs devaient gagner
Alors te voilà multipliée.


© Laurent SILVIN, Seefeld ( Autriche ) 11 octobre 1990


La pause

Des dizaines de jetons sur le tapis.
Le rateau qui glisse sans bruit,
On tape sur ton épaule
Tu vas quitter ton rôle.
Tu retournes le coussin
« Quinze minutes, très bien ! »

te voilà, comme plusieurs
A la pause du quart d'heure.
Tu ne peux pas oublier
Même devans l'écran TV
Qu'en bas ça joue
Des numéros de partout.
Assis dans le fauteuil, tu reposes
Tu profites au mieux de ta pause
Surtout ne pas parler
Pour ne pas déranger ;
tes collègues sont comme toi
Ils ont besoin de ça.

Sur l'horloge, le signal
Une minute banale ;
Tu te lève, t'étires
Replaces ton sourire
Tape, épaule, salle
A nouveau tu t'installes.


© Laurent SILVIN, Seefeld ( Autriche ) 22 septembre 1990


La flambe

Dix, non cent mille shillings
Joués comme ça au feeling.
Des jetons rouges et plaques blanches
Qui habillent le tapis « en dimanche »
Et ce pour le plaisir d'un seul
Cet homme à la grande geule.
On te surnommait le flambeur fou
L'homme cousu de sous.
Et c'est vrai que tu as flambé
Un peu pour gagné...
Beaucoup pour frimer.
Il suffisait pour cela
de voir ton sourire narquois.
Combien as-tu gagné dans la soirée
Sur ce que tu as dépensé ?
Rien! Et on le savait bien.
De tes deux millions, on en fait notre festin.
Et malgré ta générosité
La chance n'étais pas à tes côtés.


© Laurent SILVIN, Seefeld ( Autriche ) 8 octobre 1990


Pourboire

Tu n'as que la valeur de la mise
Mais tu es une chose exquise.
Tu es recherché, adulé
Mais à chaque fois remercié.
Si le client parfois t'oublie
Alors le croupier lui sourit :
« Trois mille cinq cents
Pour un plein par cent »,
Le geste suit naturellement.
Et tu chois délicatement
Dans cette boite métallique.
Tu n'es pas obligatoire
Et à ton origine, accessoire.
T'étais le signe de reconnaissance,
Tu étais lié à la chance.
Aujourd'hui, mon jeune ami
Tout ceci es bien proscrit
Et si du gain tu ne fais pas parti ;
L'employé presque naturellement le déduit.


© Laurent SILVIN, Seefeld ( Autriche ) 1er octobre 1990


Ein bier, bitte !!

Tu coules à flots
Dans nos verres
Tu es ce qu'il y a de plus beau
Pour changer d'air
On te bois avec passion
Et te sert avec pression.
On t'appelle « mousse »
Tu sais être rousse.
Tu glisses dans notre gorge
Et parfois tu te nommes Georges.
Tu es une boisson amoureuse
3615 la bière heureuse.
Et sache que nous t'aimons
Et tant pis pour le ventre rond.


( En rentrant du rMonroe's Bar )
© Laurent SILVIN, Seefeld ( Autriche ) 26 septembre 1990

Tous ces textes sont extrait de « Chefs d'oeuvres pour poubelle vide par Moustache »
Ouvrage imprimé en cinq exemplaires aux Éditions éphémères La Tocante

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